Ici, je vous parle désir, intimité et sexualité. Des sujets du quotidien qui nous font vibrer, parfois souffrir, et dont on parle trop peu.
Il y a des mots qui font peur.
Pas parce qu’ils sont violents, mais parce qu’ils semblent révéler un échec.
Dans le couple, ce mot-là, c’est l’ennui.
Je ne sais pas si je l’aime moins ou si je m’ennuie…”
“C’est peut-être moi qui ai un problème…”
“Est-ce que c’est normal de ne plus ressentir grand-chose ?
Et pourtant, qu’est-ce que ça veut dire, s’ennuyer ?
On a grandi avec l’idée que s’ennuyer, c’était un luxe de l’enfance.
Un vide fécond, d’où jaillissaient cabanes, dessins, mondes intérieurs.
Mais une fois adulte, l’ennui devient suspect.
Il est perçu comme un manque de projet, de flamme, de sens.
Un mot à fuir, à combler, à cacher sous des tonnes d’activités.
Et dans le couple, pire encore : s’ennuyer, ce serait ne plus aimer. Ne plus désirer. Ne plus avoir rien à se dire.
Si on changeait de regard ?
C’est ce moment sans bruit, sans tension, sans surprise — mais aussi sans agression, sans conflits, sans besoin de performer.
C’est ce que beaucoup appellent “la routine”…
Et si c’était plutôt un terrain de repos, une zone d’atterrissage, un sas avant la nouveauté ?
L’ennui, c’est ce qui arrive quand on a tout raconté.
Mais c’est aussi ce qui précède l’envie de raconter autre chose.
De se réinventer. D’imaginer.
Marguerite Duras disait : “L’ennui, c’est ce qui précède le désir.”
Et si l’ennui était le sol fertile du désir ?
Un vide nécessaire.
Une lenteur qui prépare le frisson.
Un silence entre deux notes.
Arrêté.e.s de parler.
De vous regarder.
De vous surprendre.
Mais aussi arrêté.e.s de vous poser des questions, sur vous-même, sur l’autre, sur ce que vous traversez ensemble.
Ce n’est pas une fatalité.
Mais c’est une alerte douce, une invitation à reprendre le fil.
Parce que souvent, on s’ennuie quand on a arrêté de s’écouter.
L’intimité du quotidien.
L’intimité des souvenirs.
L’intimité du corps.
L’intimité des projets.
Et celle de l’ennui, aussi : être à côté de quelqu’un sans rien à se dire, mais s’y sentir bien.
Parfois, l’ennui est une forme de confort.
Le couple, ce n’est pas une boîte à sensations fortes.
C’est un espace vivant, et donc traversé par des hauts et des bas.
Des périodes riches, d’autres plus fades.
Mais c’est peut-être dans ces creux que quelque chose peut se rejouer.
Quand on se dit :
“Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait de ce calme ?”
“Qu’est-ce que j’ai envie d’inventer à nouveau, avec lui/elle ?”
“Et si c’était une chance de revenir à ce qu’on aime vraiment ?”
Pas pour secouer le cocotier à tout prix.
Pas pour tout chambouler.
Mais pour entrouvrir une fenêtre.
Qu’est-ce que vous n’avez pas osé aborder depuis longtemps ?
Est-ce que l’autre ressent la même chose ?
Quelle place le corps a aujourd’hui dans votre lien ?
Qu’est-ce qui vous donne envie, à vous, en ce moment (avec ou sans votre partenaire) ?
L’ennui ne signe pas la fin.
Il signe peut-être le début d’autre chose.
Un espace d’écoute.
Un besoin d’élan.
Une invitation à désirer autrement.
Alors si vous traversez ce moment-là…
Sachez que ce n’est ni grave, ni définitif.
Et que parfois, c’est l’ennui qui nous pousse à retrouver ce qui compte vraiment.
On se retrouve début juillet pour une nouvelle édition de DÉSIR D’APPRENDRE, et d’ici là… prenez soin de vous 🧡
Un immense merci pour votre lecture, votre fidélité, et vos mots toujours si bienveillants.
Je vous souhaite un beau mois de Juin et surtout, SURTOUT…
de désirer pleinement.
Avec toute mon affection,
Gabrielle
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