#27 Pas de cul, pas de couple ?

Ici, je vous parle désir, intimité et sexualité. Des sujets du quotidien qui nous font vibrer, parfois souffrir, et dont on parle trop peu.

Désir d'apprendre
3 min ⋅ 31/08/2025

Assez jeune, évidemment que j’ai cru à cette équation-là.
Un couple sans sexualité, c’était forcément un couple qui allait mal.
On me l’avait appris partout, jamais clairement mais entre les lignes quand même.

- Nous ? Bien sûr c’est toutes les semaines !”
- Dingue ! Avec plaisir, avec partage, avec passion, avec amour ?

Bon, et puis moi aussi j’ai compté.
Comme on compte ses pas sur une montre connectée.
Comme on compte les jours avant les vacances.
Deux fois par semaine ? Bien.
Trois fois ? Encore mieux.
Et quand c’est dans la même journée, ça téléphone aux copines direct !

Bref, le sexe, comme indicateur d’amour et de santé du couple.

J’ai vite arrêté. Déjà parce que j’ai toujours été nulle en maths, et aussi parce que compter ne m’a jamais protégée du reste. Je vous passe les détails, vous les connaissez sûrement !


Aujourd’hui en consultation, les couples arrivent tous avec le même sujet.

On n’a pas envie au même moment, on est décalé.e.s, ça pose problème”


La sexualité c’est :
“Parce qu’il faut bien.”
“Parce que sinon, ça veut dire qu’on va mal.”
“Parce que sinon, l’autre ira voir ailleurs.”
“Parce que je ne veux pas qu’on m’abandonne.”
“Parce que dire trop souvent non, c’est pas sympa pour l’autre”

Laissez moi vous dire quelque chose :
Ce qui tue le couple, ce n’est pas l’absence de rapports.
C’est de ne pas être soi-même.
C’est de dire “oui” quand on pense “non”.
C’est la pression.
C’est la peur de ne pas être normal·e (et ce n’est pas de votre faute si vous le pensez !).
C’est cette idée tenace qu’aimer, c’est devoir faire plaisir et répondre aux attentes de l’autre.

Le sexe pour l’autre n’est pas du lien.

On me demande souvent en consultation, de “rétablir” le désir. Rapidement si possible.

Je n’ai pas de désir, je ne ressens rien, aidez moi, mon couple en pâtit et c’est de ma faute

Ces femmes me bouleversent. Elles ont des carrières, des histoires incroyables, une force folle ,et elles portent malgré tout la peur de ne pas être “suffisantes”.
Comme si leur rôle était de répondre à une obligation.
Comme si refuser, c’était trahir.

Le devoir conjugal n’est pas qu’une expression.
C’était une réalité juridique, écrite noir sur blanc dans le Code civil français, jusque très récemment.
Cette idée a longtemps justifié qu’on impose, au nom du mariage ou de l’amour, un corps disponible.

Et beaucoup de femmes en portent encore l’héritage :
“Je dois.”
“Je n’ai pas le droit de dire non trop souvent.”
“Il faut bien, sinon il partira.”

Mais le sexe sans désir n’est pas du lien.
C’est du devoir.
Et le devoir éteint le plaisir, tue le désir, abîme la confiance.


L’intimité, bien plus nourrissante que le sexe

En médecine chinoise, on dit que pour accéder au sexe d’une femme, il faut passer par son cœur.
Et que pour toucher le cœur d’un homme, il faut passer par son sexe 🤯

Je le vois en consultation, et parfois ça me dépasse encore.
Nous, les femmes, ancrées dans l’émotionnel, dans l’écoute, dans l’empathie.
Les hommes, souvent éduqués à exprimer leurs émotions d’abord par le sexe, avant d’oser s’ouvrir autrement.

Deux chemins différents pour arriver au même endroit : l’intimité.
Mais quand ces chemins ne se rencontrent plus, alors la sexualité devient un terrain de malentendus et de blessures.

Émotionnelle : pouvoir dire ce qu’on ressent, sans masque ni jugement.
Physique : se prendre la main, s’enlacer, s’embrasser, sans obligation d’aller plus loin.
Intellectuelle : partager des idées, rêver ensemble, débattre avec passion.
Du quotidien : rire pour un rien, préparer un repas côte à côte, se soutenir dans les corvées.
Spirituelle : sentir qu’on avance ensemble, que des valeurs nous relient.

Pour conclure

Non, je ne crois pas à l’équation “pas de cul, pas de couple”.
Je crois à “pas d’intimité, pas de couple”.

Parce que l’amour ne se mesure pas au nombre de rapports.
Il se mesure à la qualité du lien.
Et que le sexe, quand il est désiré, devient ce qu’il devrait toujours être :
une rencontre. Un cadeau. Une connexion.

Pas une obligation.

Le désir surgit quand on se sent libre, vu, choisi, accueilli.
Il se nourrit de légèreté, de sécurité, d’affection.
Et c’est souvent au moment où l’on arrête de se mettre la pression… qu’il revient.

On se retrouve début Octobre pour une nouvelle édition de DÉSIR D’APPRENDRE, et d’ici là… prenez soin de vous 🧡

Un immense merci pour votre lecture, votre fidélité, et vos mots toujours si bienveillants.
Je vous souhaite un beau mois de Septembre et surtout, SURTOUT… de désirer pleinement.

Avec toute mon affection,
Gabrielle

J’espère que cette newsletter aura été éclairante sur différents points. N'hésitez pas à me partager vos pensées et expériences, car c'est dans le partage que nous pouvons grandir et évoluer ensemble. Et si vous avez besoin de moi je suis ! ❤️

Toutes les newsletters sont archivées ici, vous pouvez donc les retrouver si un sujet vous a particulièrement intéressé.

Vous pouvez également me retrouver sur instagram, sur Linkedin, et directement sur mon site internet.

Si vous avez la moindre question, vous pouvez directement répondre à cet email ou m’écrire juste ici, je réponds en général dans la journée !

Désir d'apprendre

Désir d'apprendre

Par Gabrielle Adrian

Je suis Gabrielle Adrian, sexologue clinicienne et thérapeute de couple. J’ai fondé en 2020 une plateforme d’accompagnement en sexothérapie pour ouvrir des espaces où l’on peut parler de désir, de la sexualité, du lien, du couple, sans tabou, et avec douceur et clarté. Dans ma newsletter Désir d’apprendre, je vous écris chaque mois une réflexion sensible sur ce qui nous relie : le désir, la séduction, l’ennui, la frustration… bref, sur la vie dans tout ce qu’elle a de vibrant et de plus complexe. Merci pour votre lecture 🧡

Les derniers articles publiés